Aujourd’hui, nous abordons un sujet assez complexe sur le fonctionnement de notre cerveau.
La semaine dernière, j’ai proposé un petit questionnaire auquel il fallait répondre le plus rapidement possible. (Je vous conseille de le faire si ce n’est pas déjà fait, c’est très rapide).
1. Aucune : il est né en 1889
2. 5
3. 47
Vous avez au moins une réponse fausse ? Cet article vous explique pourquoi.
Deux types de tâches
Notre cerveau est constamment confronté à des tâches, que nous pouvons classer en deux catégories : les tâches faciles et les tâches difficiles.
Facile
Résoudre 2+2
Dire si ‘la terre tourne autour du soleil’ est vrai
Compléter « Pierre qui roule… »
Écouter une chanson qu’on connait bien
Conduire quand il n’y a personne sur la route
Difficile
Résoudre 17*25
Lire un texte illisible
Compter le nombre de ‘a’ dans cet article
Se garer dans une toute petite place de parking
Comparer deux lave-linges pour savoir lequel acheter
Et forcément, faire une tâche facile ou une tâche difficile n’apporte pas les mêmes sensations.
Facile
Familier
Sans effort
Agréable
Difficile
Pas marrant
Fatiguant
Désagréable
L’aisance cognitive
L’aisance cognitive, c’est la sensation agréable que l’on ressent lorsqu’on est confronté à quelque chose de facile, de familier.
Or, plus quelque chose semble familier, facile, plus il génère de l’aisance cognitive, plus il semble vrai, bon.
C’est ainsi que fonctionne l’instinct : quelque chose nous semble vrai sans qu’on sache pourquoi, parce que nous ressentons de l’aisance cognitive.
Problème
Il est possible de créer artificiellement de l’aisance cognitive pour tromper notre instinct, et lui faire croire que des choses sont vraies/bonnes.
Voici quelques techniques :
- s’exposer beaucoup à quelque chose (publicité, environnement…)
- rendre les choses plus faciles pour notre cerveau (écriture très lisible, forts contrastes…)
- associer quelque chose à un sentiment agréable (publicité encore)
Bien que la plupart des participants à mon questionnaire aient trouvé les bonnes réponses (vous êtres trop forts !), ces questions ont fait partie d’expériences dont voici les résultats et les explications :
1. La phrase la plus lisible, avec le plus fort contraste, semble plus vraie. La majorité des personnes choisissent celle-ci.
2. Le texte est facile à lire, vous êtes pressé : la majorité des personnes suivent leur instinct (et se trompent)
3. Le texte est difficile à lire et vous êtes obligés d’allumer votre cerveau pour le lire : la majorité des personnes ne se trompent pas
Ce que cela nous apprend
Ce sujet rejoint mon introduction : réfléchir au-delà de notre instinct, c’est compliqué, fatiguant voire douloureux, ça consomme de l’énergie…
L’important est de nous rendre compte quand nous cédons à l’aisance cognitive et quand il est important de faire fonctionner notre cerveau.
Pour aller plus loin
Cette notion vient de Daniel Kahneman qui l’a expliquée dans Thinking, Fast and Slow. Le questionnaire a été fait à partir d’expériences décrites dans ce livre.
Elle est très bien expliquée dans cette vidéo de Véritaseum, (sous-titres français disponibles)
Je rajouterais que l’aisance cognitive a des raisons biologiques. Tout d’abord, par le passé nos ancêtres avaient besoin de prendre des décisions très rapidement (par exemple, un lion est devant moi, qu’est-ce que je fais ?). Le cerveau a un module de décisions rapides bien développé, même si les résultats ne sont pas toujours justes.
Ensuite, prendre une nouvelle décision / réfléchir demande de construire de nouvelles routes dans le cerveau, ce qui est difficile et prend du temps. C’est pourquoi on va préférer prendre des décisions rapides et ne pas réfléchir.
Les sources ? Heu, soit e-penser, soit ScienceEtonnante (les 2 sur youtube), soit une autre dont je ne me rappelle plus.
Merci pilou pour ces précisions !
Si tu avais les liens des vidéos dont tu parles ça serait super !