outil rasoir

La trousse à outils peut être colorée !

Parfois, les preuves scientifiques sont insuffisantes. Parfois, il est impossible de confirmer une hypothèse ou bien de prouver que son contraire est faux.

Si par exemple quelqu’un affirme que le Père Noël existe, il est impossible de démontrer scientifiquement que c’est faux.

Dans ces cas-là, comment faire le tri ? Voici un élément indispensable de notre trousse à outils pour réfléchir : le rasoir d’Ockham.

Le rasoir d’Ockham : principe de parcimonie

Le rasoir d’Ockham, ou principe de parcimonie, tel qu’il est appliqué en sciences aujourd’hui, est le suivant :

Lorsque plusieurs hypothèses sont en compétition, il faut privilégier la plus « simple », c’est à dire celle qui remet le moins en question ce que l’on sait déjà.

Par exemple, pour justifier l’existence du Père Noël, il faudrait accepter qu’il utilise des technologies inconnues à l’heure actuelle, qu’il ait des capacités inhumaines, etc. Il est donc plus sage de supposer que ce sont les parents qui apportent les cadeaux.

Un autre exemple :

Les limites du rasoir d’Ockham

La nature du rasoir

Le rasoir d’Ockham n’est pas une preuve scientifique. Il ne s’agit que d’un outil pour savoir quelle hypothèse privilégier.

Une hypothèse écartée par le rasoir d’Ockham n’est pas démontrée fausse, mais plutôt « moins digne d’intérêt ».

Quand l’opinion personnelle s’invite

Les dangers du rasoirLe principal défaut du rasoir d’Ockham est que la décision d’écarter ou de conserver une hypothèse doit absolument se faire de façon neutre. Or, il est très facile d’utiliser ce principe pour justifier le fait d’écarter une hypothèse qui nous déplaît. Il est également très facile de refuser qu’une hypothèse qui nous plaît soit écartée par ce principe en remettant en doute la neutralité de la personne qui l’a utilisé.

Si ma religion dit que le Père Noël est une manifestation de la Bonté Divine, l’hypothèse de son existence me semblera bien plus évidente que celle selon laquelle les parents se soucieraient suffisamment de leurs enfants pour leur acheter des cadeaux. Ceux qui ne croiront pas en ma religion ne seront pas d’accord. Comment trancher sainement le débat ?

L’intérêt du rasoir d’Ockham

Si ce principe n’est pas une preuve et s’il peut être utilisé de façon ambiguë, quel est son intérêt ?

Il permet d’écarter les idées les plus farfelues et d’éviter de remettre en cause à tout bout de champ des théories que l’Humanité a mis des siècles à construire.

savoir

Un principe réactionnaire ?

Peut-être qu’en lisant ce principe, vous vous êtes dit :

« Et où est la place pour la découverte scientifique, l’innovation ? Comme si tout avait déjà été démontré et qu’on n’avait pas le droit de remettre en question nos vieilles connaissances ? »

Rassurez-vous, il ne s’agit pas du tout de cela. Des découvertes scientifiques sont faites chaque jour, c’est le travail des chercheurs. Simplement, pour avoir le droit de remettre en question les connaissances accumulées par l’Humanité depuis des siècles, il faut pouvoir apporter des preuves solides.

Ici, nous parlons de cas où nous n’avons pas suffisamment de preuves pour départager deux (ou plusieurs) hypothèses.

Pour qu’une hypothèse qui a été écartée par le rasoir d’Ockham revienne sur le devant de la scène, et remette potentiellement en cause des principes et savoirs établis, elle doit simplement apporter des preuves suffisantes.

Preuve que le père Noël existe

Je suis sûre que c’est lui !

Ce que cela nous apprend

Si, pour justifier une hypothèse, nous devons trouver des explications tirées par les cheveux, alors qu’une explication plus simple existe, il est peut-être temps de donner un coup de rasoir…

Pour aller plus loin