« Je le savais ! »
« C’était prévisible ! »
« Je l’avais deviné ! »
…
Avez-vous déjà entendu des proches, des connaissances ou des experts prétendre qu‘ils avaient prévu ce qu’il allait se passer ? Qu’ils savaient que l’accident, la crise, l’erreur, la maladie allait se produire ? « En même temps, vu son hygiène de vie… / la situation économique / l’état de sa voiture (liste non exhaustive), c’était évident que ça allait arriver ! »
Vous-même, vous vous êtes probablement déjà fait une réflexion similaire.
Et pourtant, il s’agit bien souvent d’un biais cognitif appelé le biais de rétrospection.
Le biais de rétrospection
Le biais de rétrospection est un biais cognitif qui consiste à « surestimer rétrospectivement le fait que les événements auraient pu être anticipés moyennant davantage de prévoyance ou de clairvoyance. » (Wikipédia)
En gros, c’est avoir l’impression qu’un évènement passé aurait pu être prévu.
Cela peut être expliqué par le fait que le cerveau déteste le hasard et a besoin de trouver des liens de cause à effet. En pensant qu’un évènement peut être expliqué et donc prévu la prochaine fois, on a un sentiment de contrôle rassurant.
Les conséquences du biais de rétrospection
Au quotidien, avoir la fausse impression qu’on aurait pu prévoir la chute des températures ou la panne de voiture n’est pas vraiment un problème en soi.
Cependant, dans d’autres cas, cela peut avoir des conséquences importantes voire dramatiques.
Par exemple, imaginez qu’un médecin soit jugé pour erreur médicale. Les conséquences de son mauvais choix pouvaient-elles être prédites ? Quelle est sa responsabilité ?
Cette exemple peut être appliqué à toutes sortes de domaines (économie, justice..)
De même, lorsqu’une personne subit une agression ou un accident, on a tendance, à force de chercher des explications prédictibles, à rendre cette personne responsable : « elle n’aurait pas dû s’habiller comme ça », « il ne faisait pas attention »… La victime peut en souffrir.
Comment lutter contre le biais de rétrospection
… C’est impossible. Les chercheur ne sont pas parvenus à éliminer totalement le biais de rétrospection. Même lorsqu’on sait qu’il existe et qu’on souhaite lutter contre, on ne peut pas l’empêcher complètement.
La meilleure façon pour limiter son effet semble être de garder un esprit ouvert et d’essayer de trouver des explications alternatives.
Ce que cela nous apprend
Lorsqu’on regarde dans le passé, souvenons-nous qu’à ce moment-là, le futur était incertain et difficilement prédictible.
Intéressant.
Le fait que ce soit assez universel dans notre espèce me questionne, je me demande si cette tendance n’a pas été sélectionnée, si c’est le cas c’est qu’elle donne un avantage. Elle fait peut être parti du processus d’apprentissage en reliant des indices passés dans les conséquences présentes. Comme une expérimentation.
Les effets pervers, comme dans les exemples, me semblent surtout du à une incapacité de la société à tolérer l’accident et l’erreur.
Merci de tes articles !
Merci Arnolf pour tes encouragements !
Je pense qu’être capable de relier une cause à sa conséquence et inversement est très utile dans la plupart des cas. Malheureusement, il y a des cas où cette capacité se retourne contre nous…
Ma question : est-ce la société qui rend les humains incapables de tolérer l’accident et l’erreur, ou bien est-ce que c’est une caractéristique humaine qui a des conséquences sur la société ?
L’œuf ou la poule ? ^^