Faire des compromis, c’est à la fois difficile et essentiel pour vivre en société. Mais faire des compromis intellectuels peut être au contraire une solution de facilité dangereuse.
Qu’est-ce qu’un compromis intellectuel ?
J’appelle un compromis intellectuel la position à mi-chemin entre deux idées.
Par exemple : certains disent qu’il faut baisser les impôts, d’autres disent qu’il faut augmenter les impôts, du coup on ne va pas toucher aux impôts.
Ou encore : certains disent que l’homéopathie ne sert à rien, d’autres disent que ça peut soigner toutes les maladies, du coup je vais en prendre, mais que de temps en temps.
Les problèmes du compromis intellectuel
Faire les choses à moitié
Lorsqu’on a le choix entre deux solutions opposées, et qu’on choisit le milieu, on risque de faire les choses à moitié et donc de n’obtenir aucun des résultats escomptés par les solutions.
Une position absurde
Parfois, les propositions peuvent être opposées, mais la situation « du milieu » peut être totalement absurde.
Par exemple : Certains disent que la Terre est ronde, d’autre que la Terre est plate, du coup je pense que la Terre est ovale.
Le poids des propositions
Il est important d’étudier la validité de chaque proposition. Quand, par exemple, on a d’un côté une position validée par un consensus scientifique, démontrée par de nombreuses études, et de l’autre une position sortie de l’imagination d’un inconnu, il ne devrait jamais être question de compromis.
« Cela ressemble à un compromis honnête, car c’est la position à mi-chemin. Le problème, c’est que c’est à mi-chemin entre le bon sens et l’absurde. C’est comme dire : ce serait complètement fou de manger ce savon, du coup je ne vais en manger que la moitié. »
John Oliver, dans sa vidéo de Last Week Tonight sur les vaccins
Les solutions pour éviter le compromis intellectuel
Étudier les différentes solutions
Lorsque nous hésitons entre plusieurs propositions pour expliquer un phénomène, trouver une solution à un problème ou choisir une ligne de conduite, nous devons d’abord bien étudier chaque proposition. C’est ici qu’il faut utiliser tous ses outils d’esprit critique ! Étudier les sources, vérifier que les arguments sont corrects, que nous ne sommes pas victimes de biais…
Parfois, des propositions ne survivent pas à cette examen et peuvent être rapidement éliminées.
Et comme l’a fait remarquer Arnolf dans les commentaires, il faut aussi s’assurer que nous ne sommes pas dans un faux dilemme et chercher d’éventuelles alternatives.
Ne pas avoir peur de faire un choix
Une fois que nous avons bien étudié toutes les propositions (en vérifiant bien que nous n’en avons pas oublié), et que nous avons éliminé les propositions absurdes, vient le moment du choix.
Selon le problème, ce choix peut être très simple ou extrêmement complexe. C’est cependant une étape obligée. Mais pas de panique : rappelez-vous que vous avez le droit de changer d’avis.
Réserver son jugement
Si nous n’avons ni le temps ni l’envie de passer par les étapes ci-dessus, ce n’est pas un problème ! Mais plutôt que de faire un compromis intellectuel, il est beaucoup plus sain de réserver son jugement, de dire « je ne sais pas », « je n’ai pas d’opinion à ce sujet ».
Pour aller plus loin
La vidéo de Last Week Tonight sur les vaccins (anglais)
Hello !
Je ne connaissais pas le terme de compromis intellectuel et je me demandais si un vrai compromis ne se situerais pas entre le milieu et une extrémité, c’est à dire qu’on penche pour un choix tout en acceptant/comprenant les bon coté ou la justesse d’un choix opposé.
En reprenant un exemple simple il s’agirait de choisir d’augmenter les impôts mais seulement de ceux qui disposent de revenu rentier.
Ou est ce que le terme de compromis intellectuel ne s’applique que sur des sujet plus binaire ?
Du coup tu ne mangerais qu’un quart de savon ? ^^
Merci Arnolf pour tes questions intéressantes.
Je ne l’ai pas précisé mais tu fais bien de le rappeler : il faut aussi se méfier qu’il ne s’agit pas d’un faux dilemme https://www.outils-pour-reflechir.fr/le-faux-dilemme/
Pour moi ton exemple est clairement ça : il n’y a pas comme choix que d’augmenter ou de baisser les impôts, on peut aussi revoir leur mode de calcul, etc… Pour moi ce n’est pas un compromis mais plutôt une nouvelle alternative sur un sujet complexe.
« Compromis intellectuel » est un terme à moi, ce n’est peut-être pas le meilleur. On peut aussi parler de fainéantise intellectuelle du genre « Moi je suis un peu de l’avis de tout le monde ». Il y a juste des cas où cette position ne me semble pas envisageable.
Des compromis qui flirtent parfois avec le sophisme de la modération… la vérité serait au milieu