Une personne qui fait un malaise dans la rue et les passants continuent leur chemin. Une personne en panne sur le bord de la route et personne ne s’arrête. Une agression sexuelle dans un transport en commun et personne n’intervient. Un meurtre dans le hall d’un immeuble et personne n’appelle la police.

Choquant ? Impossible ? Preuve de la décadence humaine ?
Ce phénomène est suffisamment courant pour avoir été étudié, et on lui a donne le nom d’ « effet spectateur » (bystander effect).

Popcorn

L’effet spectateur

En très résumé, c’est le fait que lors d’une situation d’urgence, plus il y a de témoins, plus les chances que quelqu’un intervienne sont faibles.
Une personne seule qui est témoin d’un danger/d’une agression/etc va avoir plus de facilité à intervenir que si elle est au milieu d’une foule d’autres témoins.

C’est déjà difficile en temps normal

Imaginez que vous faites votre petite vie tranquille, par exemple vous êtes en train de faire vos courses ou de vous rendre sur votre lieu de travail, plein de préoccupations en têtes, probablement pressé, et là, vous remarquez quelque chose d’anormal. Encore faut-il :

  • Repérer l’anomalie

N’oublions pas la cécité d’inattention.

  • Comprendre qu’il s’agit d’une situation qui demande d’intervenir immédiatement

C’est deux personnes qui se disputent se connaissent-elles ? Est-ce que c’est un jeu ou un vrai appel à l’aide ? Cette personne dort ou bien elle a fait un malaise ? Elle a besoin d’aide ou d’être laissée tranquille ?

  • Lutter contre ses peurs

Peur d’être ridicule, peur de s’attirer des ennuis, peur d’être en retard…

  • Savoir quoi faire
Je décore des œufs contre de la nourriture

Je décore des œufs contre de la nourriture

Et plus il y a du monde moins on va intervenir

Il y a plusieurs raisons à cela, et en voici les principales :

  • Conformisme, se fier à la réaction des autres

Si vous ne savez pas si vous devez intervenir ou pas, vous allez observer les autres. S’ils ne réagissent pas non plus, c’est qu’il n’y a pas besoin, non ? Sauf s’ils font tous comme vous : alors personne n’ose intervenir.
Et plus il y a de monde, plus le poids de la non réaction du groupe va peser sur vous.

  • Diffusion de responsabilité

Ce n’est pas ma rue/ma ville/mon métier/mon train/etc, pourquoi ça serait à moi d’intervenir ?
Il y a probablement quelqu’un de plus capable qui pourra le faire.

Plus il y a de gens autour de vous, plus vous vous dites que quelqu’un de plus compétent se trouve parmi eux.

Plus de détails

Je vous invite à regarder cette vidéo qui explique bien tous les éléments du problème :

 

Que faire ?

Quand on est victime et qu’on a besoin d’aide

  • Demander de l’aide à quelqu’un de précis : décrire une personne par exemple (« Vous, la dame avec le manteau rouge »…)
  • Expliquer ce dont on a besoin, donner des idées d’interventions (« Arrêtez-le », « Appelez un médecin »…)

Quand on se promène dans la rue (par exemple) et qu’on remarque quelque chose d’anormal

  • Prendre le temps de s’arrêter et d’analyser la situation. Vous perdrez peut-être un peu de temps, mais au moins vous ne risquerez pas de passer à côté d’une urgence sans rien faire ;
  • Parler aux personnes autour de soi, pour prendre à plusieurs la décision d’intervenir ou non ;
  • Ne pas se fier à la réaction des autres. Ils sont probablement en train de se poser les mêmes questions ;
  • Se souvenir qu’il suffit souvent qu’une personne intervienne pour que les autres suivent ;
  • Rapporter la situation à une personne « responsable » (par exemple dans une gare, à une personne de l’accueil, à un vigile…) ou appeler les secours et leur expliquer la situation ;
  • Savoir que nous sommes tous sujets à l’effet spectateur, et que les autres ne le savent probablement pas.

Ce que cela nous apprend

Malgré les films/séries/BDs/livres de supers héros dont certains d’entre nous sont friands, lorsque nous nous trouvons dans la situation où quelqu’un a besoin de notre aide, il n’est pas facile de prendre la décision d’intervenir.

Plutôt que de nous surestimer, soyons conscients de ce qui peut nous freiner, afin de surmonter nos peurs, de mieux lutter contre l’effet spectateur et d’avoir la bonne réaction le moment venu.

Pour aller plus loin

Photos : Pixabay et Gratisography