Introduction
L’heure est aux questionnaires. Que ce soient les enquêtes d’opinion, les enquêtes de satisfaction, dans le cadre de la démocratie participative… Au niveau d’un magasin, d’une entreprise, d’une commune, au niveau national… On nous interroge de plus en plus par leur biais.
Mais pour que ces questionnaires soient efficaces, pour qu’ils permettent de vraiment comprendre les personnes interrogées, il est crucial qu’ils respectent certaines règles. Car il est extrêmement facile de créer un formulaire qui nous permettra de faire dire ce qu’on veut aux personnes interrogées.
J’avais déjà abordé le sujet dans mon article sur les sondages d’opinion, mais j’aimerais ici détailler les règles simples à suivre pour rédiger un questionnaire impartial et efficace.
De bonnes questions
L’ordre des questions
Une question va attirer l’attention de la personne interrogée sur un sujet. Il est donc important de bien choisir l’ordre des questions afin de l’influencer le moins possible.
Il faut toujours mettre les questions générales avant les questions concernant des détails précis.
Des questions neutres
Les questions doivent être les plus neutres, les plus objectives possibles. Elles ne doivent surtout pas contenir une opinion, ni orienter vers la réponse souhaitée.
De bons champs de réponse
Il existe plusieurs types de champs de réponse : les oui/non, les réponses à choix multiples, les échelles, les champs libres…
Les réponses à choix multiple
Il s’agit d’une liste de réponses possibles à la question posée. La personne interrogée doit choisir une ou plusieurs réponses dans la liste.
Des réponses neutres
Les réponses possibles doivent être les plus neutres, les plus objectives et les plus dénuées de jugement possible. Il ne faut pas qu’une réponse soit mise en avant par rapport aux autres, que ce soit dans sa formulation ou dans sa présentation.
De plus, il faut que tous les choix possibles soient proposés.
Le nombre de réponses
Il faut trouver le bon nombre de réponses possibles : s’il y en a trop, la personne interrogée ne pourra pas porter son attention sur toutes. S’il n’y en a pas assez, des choix importants risques de manquer.
L’ordre des réponses
L’idéal est que pour une question, l’ordre des réponses possible varie d’une personne interrogée à l’autre – par exemple qu’il soit aléatoire. En effet, la première réponse aura toujours plus d’impact que la dernière.
Plusieurs choix
Lorsque les réponses possibles sont présentées sous forme d’une liste, il est important de donner la possibilité de choisir plusieurs réponses. En effet, la personne interrogée peut se reconnaître dans plusieurs propositions.
Une liste non exhaustive
C’est évident : un enquêteur n’aura pas autant d’idées que tout un groupe. Il va forcément oublier des cas, ne pas se rendre compte de certaines situations, etc.
Il est donc crucial de toujours laisser en option supplémentaire un champ libre (de type « autre : précisez »). C’est dans ces options supplémentaires que peuvent s’exprimer les idées nouvelles.
Les échelles
Il s’agit d’une question à laquelle on propose plusieurs niveaux de réponse. Par exemple : Pas du tout, plutôt pas, plutôt, tout à fait.
Le nombre de réponses
Les échelles doivent être réparties de façon homogène, et que le nombre de réponses doit être pair, afin que chaque choix ait sont contraire.
Les zones d’expression libre
Il est très important de laisser aux personnes interrogées la possibilité de s’exprimer de façon libre. En effet, elles peuvent ainsi apporter des informations supplémentaires sur le sujet auxquelles l’enquêteur n’avait pas pensé. Elles peuvent aussi nuancer leurs réponses et les affiner.
Ces zones libres sont plus difficiles à traiter et analyser, mais elles font la différence entre un questionnaire rapide, et un questionnaire fin et complet.
Le choix neutre
Quelle que soit la question ou la forme des réponses proposées, il faut toujours laisser la possibilité à la personne interrogée de ne pas s’exprimer. En général, on propose une case à cocher « Ne se prononce pas ».
Il peut y avoir un grand nombre de raisons pour lesquelles une personne peut ne pas souhaiter répondre à une question. Si elle n’a pas compris la question, si elle n’a pas compris les réponses proposées, si elle ne sait pas quoi répondre, si elle n’a pas d’opinion sur le sujet, si elle refuse de répondre à ce genre de questions, si elle juge que la question est mal posée, etc.
Forcer les personnes interrogées à répondre malgré tout risque de les pousser soit à répondre au hasard (ce qui faussera les résultats), soit à abandonner le questionnaire (ce qui les empêchera de s’exprimer)
Ce que cela nous apprend
Rédiger un questionnaire objectif, non biaisé, qui permette de récolter les opinions les plus justes possibles, est un exercice compliqué.
Si nous devons rédiger un questionnaire, prenons garde à respecter toutes les règles afin de ne pas influencer nos résultats.
Si nous devons répondre à un questionnaire, observons sa construction et assurons-nous qu’il nous permet de nous exprimer librement.
Si nous étudions les résultats d’un questionnaire, assurons-nous que celui-ci était bien rédigé avant d’en analyser les résultats et de les interpréter.
Pour aller plus loin
- Construire une enquête et un questionnaire
- Fiche méthodologique : le questionnaire d’enquête
- 4 types de questions biaisées à éviter dans vos questionnaires
- Ces questionnaires de satisfaction à ne pas reproduire
Sources
Les exemples de questions proviennent de plusieurs questionnaires différents :